La morphine

  • Généralités sur la morphine

La morphine est une substance utilisée pour modifier le mécanisme de transmission de certains messages nerveux. La morphine peut être employée au service de la médecine comme un antalgique : elle a le rôle d’inhiber de la douleur. L’héroïne étant obtenue par acétylation de la morphine, cette drogue a le même fonctionnement que la morphine dans l’organisme. Cette substance sert donc aussi de drogue aux toxicomanes et est utile surtout pour procurer du plaisir. L’héroïne a une action 300 fois plus efficace que la morphine.

Morphine                                                          Héroïne

Il s’agit d’une substance exogène, c’est-à-dire hors de l’organisme, dérivée de l’opium et extraite du pavot.

0c4ad4_2627712fe4104448bfbfe92e235bd6a0~mv2

Le pavot

 

La morphine appartient à la famille des opiacés et est à l’origine de nombreux produits morphiniques.

A l’origine, la morphine a été utilisée comme drogue de remplacement à l’opium, substance très consommée dès le 19ème siècle. Mais la morphine, entraînant une forte dépendance, a par la suite été remplacée par l’héroïne qu’on pensait à l’époque moins nocive que la morphine mais qui s’est avérée au final pire.

La morphine agit sur les récepteurs opioïdes et en particulier sur les récepteurs µ : ces derniers constituent 70% des récepteurs opioïdes de la moelle épinière. Les récepteurs opioïdes possèdent deux autres types de récepteurs : les delta et les kappa mais c’est avec les µ que la morphine a le plus d’affinité. Ces récepteurs possèdent un grand nombre d’action sur l’organisme comme l’analgésie, l’euphorie, la sédation (c’est-à-dire l’apaisement d’une douleur physique ou morale d’un état d’anxiété), le myosis (soit le rétrécissement de la rétine) ainsi que la dépression respiratoire.

recepteur mu

Récepteur opioïde µ

La morphine agit sur des lieux très différents car les récepteurs sur lesquels elle agit ont une action qui dépend de la nature du récepteur et de la cellule qui active ce dernier. La morphine peut avoir un effet inhibiteur dans le contrôle de la douleur si elle se fixe aux neurones présents au niveau spinal (donc au niveau de la moelle épinière) ou supra-spinal (c’est-à-dire au niveau du cervelet dans le système nerveux central) ou alors un effet stimulant au niveau du cerveau et notamment dans le système limbique dans le cas d’une action dans la sensation de plaisir. Le système limbique est le siège des émotions et est composé principalement de l’hippocampe, l’amygdale, la circonvolution (ou gyrus) cingulaire, le fornix et l’hypothalamus. C’est également le lieu où agit le circuit de récompense. Voir Le circuit de la récompense

Nous allons alors voir en détail le mode d’action de la morphine sur la sensation de douleur puis sur celle d’euphorie.

  • L’effet inhibiteur de la morphine dans le contrôle de la douleur

Nous avons vu précédemment que la morphine agit de différentes manières et sur différentes parties du corps. Nous étudierons donc en premier lieu son effet au niveau spinal puis au niveau supra-spinal.

– Au niveau spinal

Dans les conditions normales, c’est-à-dire sans prise de morphine, le message nerveux codant la douleur arrive au niveau d’un neurone à glutamate, dans la moelle épinière, provoquant alors une libération des glutamates stockées dans des vésicules synaptiques. Le glutamate se fixe alors à la membrane des corps cellulaires des neurones à enképhaline, une substance qui contrôle la douleur. Cela créé alors un message nerveux qui se propage le long de l’axone du neurone à enképhaline pour permettre la libération des enképhalines contenues dans les vésicules des boutons synaptiques. Ces dernières se fixent sur les récepteurs opioïdes µ de la membrane des neurones à substance P. La substance P est un neurotransmetteur qui permet la transmission des messages nociceptifs (codant la douleur) au cerveau. Les enképhalines bloquent alors la libération de substance P, seule une petite quantité de substance P peut être libérée : il y a donc peu de messages qui peuvent atteindre le cerveau et la sensation de douleur est atténuée.

Les enképhalines agissent ainsi en provoquant une inhibition de l’entrée d’ions Ca++ dans l’élément présynaptique, empêchant alors la fusion des vésicules et donc la libération de la substance P.

Capture

 

La molécule de morphine possède une partie analogue à celle des enképhalines, ce qui lui permet de se fixer sur les mêmes récepteurs. Seulement, son action est exagérée : il n’y a alors aucun message nociceptif transmis au cerveau. La sensation de douleur n’est donc pas perçue.

enképhaline morphine

 

– Au niveau supra-spinal

Il existe des CIDN (Contrôle Inhibiteurs Diffus déclenchés par des stimulations Nociceptives) qui contrôlent le passage des messages nerveux et trient les messages nociceptifs en fonction de leur caractère prioritaire par rapport aux autres messages.

La morphine bloque l’action des CIDN en diminuant le contraste entre messages nociceptifs et les autres : le travail des CIDN est alors plus difficile. En effet, plus de messages non nociceptifs passeront et donc la quantité de messages nociceptifs transmis au cerveau est diminuée et la sensation de douleur atténuée.

La morphine permet donc d’atténuer voire de supprimer la sensation de douleur. Cela explique donc son utilité notamment dans les centres de soins, pouvant alors soulager de nombreux patients souffrants.
Par ailleurs, la morphine peut aussi procurer une sensation de plaisir ou même d’euphorie, effet recherché par les toxicomanes.

  • L’effet de la morphine dans la sensation d’euphorie au niveau du cerveau

La morphine provoque une sensation de plaisir au niveau du système de récompense du cerveau.

La sensation de plaisir est due à la libération de dopamine, informant le cerveau d’une possible récompense. La dopamine est contrôlée grâce aux neurotransmetteurs GABA qui se fixent sur la membrane des neurones à dopamine et inhibent leur libération. En effet, la dopamine est libérée de façon anarchique, d’où la nécessité de contrôler le flux de dopamine.

En effet, les neurotransmetteurs GABA ont la particularité de, une fois fixés sur la membrane du neurone, laisser entrer des ions Cl- dans le neurone, engendrant alors une hyperpolarisation. Ceci va alors abaisser la valeur du potentiel de repos en dessous de la valeur normale. Cela a donc pour conséquence que le neurone possédant les neurotransmetteurs GABA fixés sur sa membrane ne sera jamais activé. C’est donc pour cela que la libération de dopamine est inhibée.

synapse inhibitrice

GABA récepteur gaba

Les neurones à GABA portent des récepteurs opioïdes µ sur lesquels se fixe la morphine. La substance empêche alors, par inhibition de l’entrée de Ca++ dans le neurone, la libération des neurotransmetteurs GABA qui ne peuvent donc plus contrôler la quantité de dopamine libérée. Or, plus la quantité de dopamine libérée est grande, plus la sensation d’euphorie l’est aussi.

Ainsi, la morphine permet un important afflux de dopamine au cerveau et une sensation de plaisir se fait sentir.

0c4ad4_e9b69d70a5524978aafbbc25e61bea52~mv2

 

                                                                Action de la morphine dans la sensation de plaisir

La morphine présente donc des actions bénéfiques comme l’inhibition de la douleur ou la sensation de plaisir. Cependant, elle engendre également d’importants effets secondaires non négligeables.

  • Les principaux effets de l’usage de la morphine

La morphine possède de nombreuses actions sur l’organisme humain dont les conséquences de la liste (non exhaustive) ci-dessous :

– Conséquence analgésique : perception de la douleur atténuée

– Conséquences sur l’appareil digestif : nausées, vomissements, constipation, effet anti diarrhéique

– Conséquences sur l’appareil urinaire : dysurie (c’est-à-dire une difficulté à uriner), rétention urinaire, oligurie (soit une diminution de la quantité d’urine)

– Conséquences respiratoires : dépression respiratoire (baisse du rythme respiratoire ; c’est notamment ce qui est à l’origine de la mort en cas d’overdose), antitussif

– Conséquences cardiovasculaires : hypotension et hypertension artérielle

– Conséquences sur la vue : réduction de la rétine

– Conséquences comportementales dans le cas d’une personne souffrante : somnolence, euphorie, sensation de bien-être, indifférence

– Conséquences comportementales dans le cas d’une personne saine : dysphorie (humeur instable), anxiété, convulsions, hallucinations, confusions mentales (désorientation)

– Conséquences hormonales

– Conséquences sur l’épiderme : démangeaisons

Seulement, nous savons aussi que la morphine est une substance addictive : les personnes l’utilisant développent une dépendance à l’égard de la morphine. C’est pourquoi il existe des substances de substitution visant à réduire voire supprimer la dépendance à certaines drogues comme l’héroïne, très addictive.

Une réflexion sur “La morphine

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s